Montmartre est un quartier du 18e arrondissement de Paris occupant la colline de la butte Montmartre dont le point culminant est le plus haut de la capitale (130,53 m). Jusqu’à son annexion par Paris en 1859, Montmartre était un village puis une commune française à la superficie plus étendue que celle du quartier actuel. Lieu de culte immémorial, puis lieu de fête et quartier des artistes à partir du XIXè siècle, Montmartre occupe une place à part dans la capitale.

Montmartre et son étymologie

Montmartre tirerait son nom de « mons Martis » ou « mont de Mars ». A l’époque gallo-romaine, un temple dédié à Mars, dieu de la guerre, jouxtait un temple dédié à Mercure à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Pierre. Également appelée « mons Martyrum » ou « mont des Martyrs », de nombreuses victimes des persécutions antichrétiennes furent décapitées sur la butte, dont Saint Denis. Le « mont de Mars » réinterprété au IXe siècle « mont des Martyrs » serait devenu mont de « martre » (« martre » signifiant « martyr » en ancien français).

Montmartre et son histoire

Vers 475, sainte Geneviève convainquit le peuple parisien d’élever une chapelle sur le lieu où Saint Denis, premier évêque et martyr, fut martyrisé.

L’église Saint-Pierre de Montmartre fut fondée au VIe siècle. Tombant en ruine au IXe siècle, elle fut reconstruite, la colline de Montmartre devenant un lieu de pèlerinage très fréquenté. Outre saint Denis, on y vénérait les ossements de chrétiens anonymes martyrisés au cours des persécutions.

En 1133-1134, le roi Louis VI fonda l’abbaye royale des Dames de Montmartre qui s’étendait alors sur la partie ouest de l’actuel 18e arrondissement, la partie nord du 9e arrondissement et une partie des Batignolles.

A la fin du XIVe siècle, le roi de France Charles VI, après la guérison momentanée d’un premier accès de folie et après avoir échappé par miracle aux flammes d’un incendie, accomplit un pèlerinage d’action de grâces au Martyrium de Montmartre.
Au début du XVe siècle, Paris étant en proie à la lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons se traduisant par de fréquentes scènes d’égorgements et de pillage, des processions se rendirent sur la colline de Montmartre pour demander à saint Denis de sauver la capitale.

En 1525, quand François Ier fut fait prisonnier lors de la bataille de Pavie, le peuple de Paris se rendit en foule à Montmartre pour prier la fin de la « grande désolation ». Le 15 août 1534, c’est à Montmartre que saint Ignace, saint François-Xavier et leurs compagnons fondèrent la Compagnie de Jésus.

En 1559, un incendie détruisit une grande partie de l’abbaye. En 1611, Marie de Beauvilliers entreprit la restauration du Martyrium au flanc de la colline. Autour de cette chapelle fut construite une nouvelle abbaye dite « d’en bas » reliée à celle d’en haut par une galerie longue et voûtée. Au cours des travaux, un escalier conduisant à l’ancienne crypte fut mis à jour, prétendument sanctifiée par saint Denis. Cette découverte fit grand bruit, Marie de Médicis et plus de soixante mille personnes se rendant sur les lieux, créant un nouveau courant de dévotion.

Montmartre devint une commune du département de la Seine en mars 1790. Au cours de la Révolution française, elle porta provisoirement le nom de « Mont-Marat ». En 1792, les Bénédictines furent dispersées et le monastère détruit de fond en comble. La dernière abbesse, Marie-Louise de Montmorency-Laval, monta sur l’échafaud le 24 juillet 1794.

A cette époque, la commune était constituée du village de Montmartre sur le sommet de la colline et du village de Clignancourt, en plaine, se développant le long du chemin des Bœufs (actuellement rue Marcadet). En 1840-1845, la construction de l’enceinte de Thiers partagea le territoire de la commune en deux.

Lors de l’extension de Paris du mur des Fermiers généraux à l’enceinte de Thiers, la commune de Montmartre fut supprimée (loi du 16 juin 1859). Son territoire situé à l’intérieur de l’enceinte de Thiers fut rattaché à Paris au sein du 18e arrondissement, appelé « Butte-Montmartre » et réparti entre le quartier des Grandes-Carrières et le quartier de Clignancourt. La petite partie restante, située hors des fortifications de l’enceinte de Thiers, fut rattachée à la commune de Saint-Ouen.

C’est à Montmartre que se déclencha la Commune de Paris en 1871, après la volonté d’Adolphe Thiers et de son gouvernement de récupérer les canons de la Garde nationale stationnés dans le quartier. La même année, suite à la défaite militaire et l’occupation allemande se forma le « Vœu national », une confrérie patriotique et spirituelle ayant pour but de réaliser la consécration nationale de la France au Sacré-Cœur, les malheurs de la France provenant selon les confrères de causes plus spirituelles que politiques. Fin 1872, le Cardinal Guibert, archevêque de Paris, approuva ce vœu, choisit Montmartre et obtint de l’Assemblée Nationale une loi déclarant la Basilique d’utilité publique, permettant que le terrain soit affecté à la construction d’une église dédiée au Cœur du Christ. A l’époque, cela contrastait fortement avec la série de Basiliques dédiées à Marie construites en France: Lourdes, Notre-Dame de Fourvière à Lyon, Notre-Dame de la Garde à Marseille…Les travaux furent financés par des collectes de dons dans la France entière dont les noms des donateurs furent gravés dans la pierre.

Le maquis de Montmartre

A cette époque les habitants étaient principalement des ferrailleurs, des chiffonniers en somme. On y croisait aussi des voleurs, venus se cacher (d’où le surnom de “maquis”) dans les ruelles labyrinthiques du quartier et des petits voyous, que l’on appelait communément les « Apaches ». Malgré les apparences, Montmartre avait donc plus l’âme d’un village que d’un bidonville. Malgré la pauvreté, l’insécurité et le manque d’hygiène, tout ce petit monde constituait une communauté socialement organisée, solidaire et unie. La butte attire déjà les artistes à la fin du siècle, de Van Gogh à Renoir en passant par Maurice Utrillo, Francisque Poulbot, Tristan Tzara, ou encore Hector Berlioz, qui séjourna au n°11 de la rue Saint-Vincent. Autant de noms célèbres qui ont fait la renommé du Maquis de Montmartre.

Au début du 20ème siècle, la face du maquis change complètement : des promoteurs rachètent et volent les terrains aux maquisards pour y construire des villas de luxe et des immeubles, style Art Déco. En 1909, l’avenue Junot commence à sortir de terre, détruisant petit à petit toutes les cabanes du maquis. Le coup de grâce est donné, quelques années plus tard, lorsqu’un incendie aux origines douteuses brûle les derniers restes du Maquis de Montmartre. Si jusqu’en 1940, quelques maquisards tiennent encore bon, la modernité aura finalement raison d’eux, transformant le bidonville en village, le village en quartier et le quartier en légende… Heureusement, la Butte a su conserver jusqu’à notre époque son atmosphère de village, ses ruelles sinueuses et quelques personnages fantasques.

 

Une station de Métro la plus profonde de Paris : Abbesses

La station Abbesses est mise en service en octobre 1912 sur la ligne A (actuelle ligne 12) du réseau Nord-Sud. Alors que la Compagnie du métropolitain de Paris (CMP) exploite la quasi-totalité du réseau de métro, la compagnie concurrente du Nord-Sud fait son apparition en construisant et en exploitant les lignes A et B (actuelle partie nord de la ligne 13).
Les « Dames de Montmartre » et la Place des Abbesses. Son nom provient de la Place des Abbesses sous laquelle elle est située, nommée ainsi en l’honneur des 46 abbesses qui ont dirigé l’abbaye des Dames de Montmartre.

Cette station est la seule du réseau à desservir la mythique butte Montmartre qui est, à partir du XIXe siècle, le quartier favori des artistes. Renoir y peint son Moulin de la Galette, Picasso, Braque, Van Dongen, Max Jacob, Apollinaire y laissent éclater leur talent au Bateau-Lavoir. Ce coin de Paris évoque également l’époque légendaire des cabarets et des chansonniers : le Chat Noir d’Aristide Bruant, Le Lapin Agile, le Mirliton, etc., qui incarnent l’esprit français mais surtout parisien. Située non loin du point culminant de la « Butte » et ses 131 mètres, la station de métro Abbesses est la plus profonde du réseau, le niveau du rail étant placé à 30 mètres en dessous de la chaussée. Pour en permettre l’accès, deux puits ont été creusés, l’un d’eux accueillant des ascenseurs, l’autre un escalier à deux volées hélicoïdales imbriquées.

 

 

Et voilà un mini documentaire qui nous raconte quelques particularités de la Butte, notamment ses habitants qui revendiquent l’appartenance à un village au sein de la capitale. Malheureusement le tourisme de masse a fait partir cette ambiance si particulière et surtout ses endroits emblématiques, comme la « Pomponette », qui ont disparus.